Chez Adlatus Léman, nous organisons pour nos membres un certain nombre d’interventions, de conférences ou encore de formations. Leur but est de nous tenir informés sur ce qui se passe en dehors de notre univers professionnel tout en découvrant des nouveaux domaines et personnes. C’est un réel plus pour nos membres qui ont toujours envie d’apprendre.
C’est dans ce cadre que nous avons eu le plaisir d’accueillir Monsieur René Spalinger, chef d’orchestre, musicologue et conférencier, lors de notre séance mensuelle.
René Spalinger a bel et bien fait entrer Mozart dans nos locaux ! Comment ? En nous racontant une partie du voyage qu’il a effectué en Europe dans les années 1760. C’est ainsi le passage de la famille Mozart en Suisse, et plus précisément leur séjour de 5 jours à Lausanne, qui a fait l’objet de sa conférence.
Petit rappel sur les membres de la famille :
Le père : Léopold Mozart
La mère : Anna Maria
La fille : Maria Anna
Le fils : Johannes Chrysostomus Wolfgangus Theophilus Mozart
Saviez-vous que, de son vivant, Amadeus ne faisait aucunement partie de son nom ? C’est sa veuve qui a décidé de le nommer ainsi.
Léopold est le premier de la famille à s’adonner à la musique. Mais pour pouvoir en vivre à l’époque, il fallait être engagé par une cour ou par un protecteur. Toujours est-il qu’il devint le 4 ème violoniste du prince, malgré des ambitions bien plus grandes. Quand il découvre un jour les capacités hors du commun de son fils de 4 ans, il se sent investi d’une mission qui lui fait dire « un génie est né à Salzbourg et Dieu m’oblige à le montrer au monde »
En 1763 le voyage commence !
Léopold sera critiqué pour cette décision. Mais peu importe, il se doit de montrer le jeune prodige au plus grand nombre des têtes couronnées d’Europe pour tenter d’assurer son avenir. La famille a donné des concerts quasi partout pour la grande société et la noblesse, mais personne ne voulut engager le petit de 10 ans.
En 1766, après trois ans de voyage intense, il est temp de rentrer à Vienne car l’archevêque qui finance la famille commence à s’impatienter.
Un choix difficile : L’Italie ou la Suisse ?
Rappelons-nous, le but de Léopold est de montrer les talents de son fils à des nobles. En descendant de Paris, la famille passe quelques jours à Lyon et se trouve face à un dilemme pour la suite du voyage : faut-il continuer par l’Italie via Turin ou par la Suisse via Lausanne et Schaffhouse ? Or, en Suisse c’est le désert côté musique et de plus, la majorité des cantons étant réformés, la musique y est proscrite. Comme il n’y a pas de prince à qui présenter le petit génie pourquoi donc se sont-ils aventurés en Suisse ?
Deux raisons à cela semble-t-il :
- D’une part le désir de rencontrer Voltaire, qui n’habite pas la Suisse mais tout près de la République indépendante de Genève. Ils attendront plusieurs semaines en vain une invitation de la part de Voltaire, ignorant que celui-ci n’invite pas mais accepte ou non de recevoir ceux qui se présentent chez lui.
- D’autre part, parce que le poète dont tout le monde parle en ce temps-là réside à Zürich.
De passage à Lausanne :
Léopold, qui avait pourtant l’habitude d’entretenir une correspondance nourrie avec un correspondant resté à Salzbourg, a écrit une seule et unique lettre depuis la Suisse alors qu’il séjournait à Lausanne. Nous avons donc très peu d’informations au sujet de ce passage en Suisse.
Il a toutefois été possible grâce à différents éléments de reconstituer leur séjour à Lausanne : d’abord grâce à un discours paru dans un journal Lausannois le 11.09.1766 signé par le Dr Tissot où il évoque le génie du petit Mozart. Ensuite, grâce à un livre de comptes conservé à la bibliothèque cantonale, nous savons que le petit Mozart à joué à deux reprises devant une soixantaine de personnes et que l’une de ces prestations s’est déroulée dans la salle de l’Hôtel de ville au premier étage. En revanche, nous ignorons ce qu’il a joué, aucun programme n’étant publié à cette époque. Par ailleurs, grâce à l’unique lettre de Léopold, nous pouvons déduire que la famille a séjourné chez le seul prince de la région, le Prince de Wurtemberg.
Un père et un fils pas tout à fait d’accord :
Le père se sent investi d’une mission et fait bien la différence entre le monde d’où il vient, celui des bourgeois, et le monde des nobles auprès desquels il aimerait introduire son fils. Il sait à quel point il faut se courber pour imaginer pouvoir s’élever.
Pour Wolfgang, la plus important n’est pas le titre dont une personne est affublée, mais ce qui se qui se cache à l’intérieur d’elle-même. Il cherche à comprendre avidement comment les êtres fonctionnent et ne fait pas de différence entre un prince et un paysan, dont il exprime les émotions à travers sa musique.
Cette vision des choses lui vaudra certainement d’obtenir un travail plus glorieux que celui qui consiste à animer les bals de la cour.
Il aura la chance de trouver auprès des francs-maçons plus qu’un soutien financier, un appui psychologique. Il pourra échanger avec eux sur ses interrogations et leur faire partager sa compréhension du monde, visant essentiellement à améliorer l’individu, à développer la connaissance et l’ouverture d’esprit.
C’est pourquoi nous retrouvons dans toutes ses compositions une couleur, une idée maçonnique.
Une note de musique pour finir :
Notre conférencier passionné a illustré et mimé certains passages du Mariage de Fogaro pour nous montrer à quel point la musique du prodige évoque toute la palette des sentiments humains. Un grand moment !
Nous remercions Monsieur René Spalinger pour la richesse de son intervention qui nous a tous captivés.
Pour ceux qui souhaitent en savoir plus sur ce sujet, Monsieur Spalinger a écrit un ouvrage intitulé « Quand Mozart passait à Lausanne ».
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